Cela faisait trois semaines que les prisonniers des Natifs avaient pu regagner leur campement de la plage. De retour avec les leurs, des gens de leur culture, qui parlait leur langue, qui les comprenaient dans leur détresse, bien que celle qu'ils avaient vécue durant leur captivité de deux semaines ait surpassé l'entendement.

Louise s'était de nouveau rapprochée de Ben et ce malgré le constat de la survie de son mari au crash. Il avait été capturé par les Mùakrus et s'était un peu trop bien intégré, à tel point qu'il semblait penser comme eux. Et finalement, quelque part, Lou lui incombait la faute de la disparition de son fils durant plusieurs semaines, lui causant une inquiétude sans pareille qui avait bien failli la tuer. Hank n'était qu'un traite selon elle et elle l'évitait autant que possible. Au moins, Jordan était en vie mais elle redoutait que son père ne l'embrigade totalement. Heureusement, l'ancienne agente de voyage avait en la personne de Ben un pilier sur lequel se reposer.

Il y avait des Natifs qui venaient de temps en temps pour commercer ou autre. Ils ne semblaient pas hostiles, mais tel un mécanisme de défense, Louise s'en méfiait comme la peste. Il y avait notamment cette grande perche brune, une sorte de guerrière, qui venait plutôt souvent pour rencontrer un des pompiers, un ami de Tony. Louise ne comprenait pas pourquoi ce type aussi gentil se plaisait à sympathiser avec cette fille. Mais elle essayait de garder ses ressentiments pour elle, après tout elle avait promis à Jenna de préserver la paix qui lui avait coûté la vie.

Il était tôt ce matin-là quand elle alla réveiller Ben d'un baiser au coin des lèvres.

- Debout mon Apollon endormi.

Elle attendit qu'il émerge et le prit par la main pour l'éloigner du camp.

- J'ai une surprise pour toi.

Main dans la main et sans mot dire, ils se dirigèrent vers la falaise. Il y avait un chemin un peu tortueux mais sans risque, pour pouvoir atteindre le sommet. Ils y parvinrent après une bonne vingtaine de minutes de marche. Là, ils purent s'asseoir et contempler le lever de soleil dans toute sa splendeur. Les couleurs chatoyantes réchauffaient le coeur.

Louise savait déjà que Ben n'était pas uj aficionado des surprises, aussi le fait quil verbalise ce détail la fit sourire. Cette surprise-là était sans conséquence, alors elle savait qu'il saurait l'apprécier. Elle s'était contentée de se taire en mettant son index devant ses lèvres.

Après l'ascension de la petite côte, l'emplacement était parfait pour observer ce levé de soleil qui offrait aux yeux attentifs un spectacle kaléidoscopique admirable. Lou posa sa tête sur l'épaule de Ben tandis qu'il semblait apprécier la découverte de la surprise.

- Des petits plaisirs simples, je crois qu'on peut puiser notre force là-dedans. Tu as raison, on est en vie, on est ensemble.

Le regard rivé sur l'horizon lumineux qui faisait briller de mille et un diamants la surface de l'eau, Louise profitait de la vue, sa main dans celle de celui qui faisait rebattre son cœur.

- Je crois que dans nos vies d'avant, on négligeait trop les choses simples. Moi en tout cas. Finalement, notre nouvelle vie nous oblige à revenir aux bases.



La belle brune tourna son visage vers l'ancien agent du Mossad.

- Notre vie est ici maintenant. Autant en profiter du mieux que nous pouvons. Je te remercie de m'offrir la chance de partager ta vie. Je tenais à te le dire, grâce à toi, je prends maintenant la vie d'un meilleur pied. Tu n'imagines pas combien tu m'as aidée dans les moments les plus sombres.



Elle lui offrit son plis beau sourire avant de venir apposer ses lèvres délicatement contre les siennes. Ce contact si doux dont elle avait perdu l'habitude et qu'elle avait retrouvé avec joie avec Ben lui fit un bien fou. Elle glissa sa main dans sa nuque avant de nicher sa tête dans son cou pour profiter de la fin du spectacle du levé de soleil.

Ce moment était doux, malgré le levé aux aurores, c'était le cas de le dire. Louise avait l'habitude de se réveiller tôt, mais il semblait que Ben était plus fan les grasses matinées. Néanmoins, il semblait à présent apprécier le spectacle de ce beau lever de soleil qui se donnait sous leurs yeux. Puis, leurs silhouettes auréolées des couleurs chatoyantes de l'astre levant, les deux amants se disaient ce qu'ils avaient sur le coeur, des choses sincères qui devaient être dites, surtout du point de vue de Louise qui se sentait si reconnaissantes envers Ben qu'il lui semblait impossible de ne pas le lui faire savoir. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il en fasse de même et lui dise des choses si touchantes.

- Tu es si mignon, dit-elle alors que leurs lèvres venaient de se séparer. Quand au fait de philosopher... Eh bien comme je le disais, nous sommes sur un nouveau départ. Si tu veux être philosophe, c'est le moment de te lancer dans cette nouvelle carrière.

Elle sourit, amusée par ses propos.

- Moi, j'ai l'habitude de me lever tôt, mais si tu y arrives aussi, ce pourrait être notre rendez-vous matinal. Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? J'ai aucun patient à voir ce matin donc j'ai tout mon temps. Je me disais qu'on pourrait plonger ensemble pour cherches d'autres objets dans l'épave ?

Elle ne savait pas vraiment si Ben savait plonger, ni même nager. Elle se fit la remarque qu'ils ne se connaissaient pas encore très bien, et c'était plutôt normal au vu de leur toute récente relation.

- Au fait, tu as déjà fait de la plongée ? Parce que sinon, on peut faire autre chose. Tu n'as qu'à me dire.

Son regard se posa avec douceur dans le sien, sondant ses impressions et réactions. Avec sa carrière d'ancien militaire et agent, il devait maîtriser sans doute plusieurs sports, mais avait-il déjà été amené à faire de la plongée ? C'était une spécialité et pas tous les agents s'y destinaient. Cela dit, il y avait tant à faire sur l'île que même si Louise ne s'occupait pas de l'épave ce jour-là, d'une part ils trouveraient une autre activité utile à faire ensemble, et d'autre part elle pourrait faire sa plongée plus tard. Elle avait déjà déblayé le plus gros de ce qu'elle pouvait faire depuis le crash, mais il y avait toujours des choses à trouver, c'était certain.

Ils réussissaient à trouver de la beauté dans leur captivité de cette île dont ils ne partiraient probablement jamais vivants. C'était le défi que Louise s'était fixé. Leurs vies étaient ici maintenant, autant s'en accommoder. Néanmoins, contrairement aux Natifs, ils étaient habitués à un certain confort, à certaines choses et Lou faisait de son mieux pour en rapporter au groupe en allant régulièrement fouiller l'épave de l'avion et les alentours. Elle proposa donc cette activité à Ben après qu'ils aient assisté à ce magnifique lever de soleil.

- Ne t'inquiète pas, je vais t'expliquer les bases, et puis tu n'es pas obligé d'aller très profond tout de suite, tu peux aussi faire en sorte que le radeau ne dérive pas trop.

Elle se leva, l'aidant après de sa mains tendue, puis ils quittèrent leur petit spot qui leur avait donné une vue imprenable sur l'horizon. Leurs pas dans le sable se faisant doux sous leurs voutes plantaires, Lou était cependant excitée à l'idée de repratiquer ce sport qui lui plaisait tant. Ben cependant proposa éventuellement d'aller explorer l'île. Louise s'arrêta de marcher pour le regarder avec une petite moue.

- Maintenant qu'on sait la présence des Natifs, je dois avouer que je ne me sens pas sereine de m'éloigner du campement. Mais si tu n'as pas envie de venir, je veux pas te forcer, tu sais, j'ai l'habitude d'y aller seule. Je peux comprendre que tu sois pas à l'aise, y a aucun souci tu sais.

Elle lui souriait avec sincérité pour lui faire comprendre que son refus n'entraînerait aucun malaise.

- Et puis on est déjà arrivé.

L'américaine désigna du menton un rocher sous lequel se trouvait le matériel qu'elle utilisait. Il y avait quelques masques de plongée, des tubas, des palmes et une sorte de radeau composé d'un assemblage de quelques rondins de bois et de bidons en plastique vides.

- Les premières fois, j'y allais en apnée et sans aucun matériel. Puis, à mesure que je plongeais, je trouvais des affaires utiles dans les valises, comme des masques, tubas, palmes... Maintenant je suis mieux équipée.

L'ancienne agente de voyage commença à se dévêtir, laissant paraître un bikini blanc qui faisait ressortir le bronzage acquis après cette année passée sur l'île.

Louise était loin de se douter que Ben n'avait jamais plongé, avant qu'il ne l'avoue au travers de propositions d'autres activités. Elle lui rappela alors la présence des Natifs et toute idée d'exploration fut avortée. L'ancien militaire se décida à se lancer.

- Ne t'en fais pas, je ne vais pas te faire faire des trucs compliqués. En plus on a des masques et tubas.

Elle le laissa examiner le radeau de fortune. Normalement, il flottait, Louise s'en servait pour poser dessus les objets et sacs ou autres choses qu'elle remontait, pour les ramener sur le rivage. De son côté, elle attrapa une paire de palmes, un masque et un tuba et avança vers le bord de l'eau où son bel israëlo-américain se trouvait.

- On va déposer les palmes et les masques sur le radeau, parce que marcher avec ça, c'est impossible, et on ne plonge pas tout de suite. Quand on sera assez immergés, on enfilera les palmes et ça nous permettra d'arriver plus vite. Tu sais nager ?

Elle laissa glisser une main sur le torse de celui qu'elle pouvait aisément qualifier de petit ami, avant de positionner son masque. Lou vint se placer d'un côté du radeau et le tira vers elle pour qu'il aille dans l'eau.

- Fais attention où tu mets les pieds aussi. Certains poissons sont dangereux si on marche dessus. Je n'en ai pas encore vus, mais sait-on jamais. Regarde, fais comme moi, mets-toi sur le dos, une main sur le radeau, et bats des pieds.  D'ici quelques mètres, on pourra enfiler les palmes et ça ira encore plus vite.

C'est d'ailleurs ce qui se produisit. À une vingtaine de mètres du rivage, il fut possible d'enfiler les palmes sans prendre le risque de les laisser couler.

- Je me prends un point de repère, tu vois ? Je garde ce rocher bien en face de moi, et je sais qu'au bout d'environ 10 minutes, j'arrive au-dessus de l'épave. Ça va plus vite avec les palmes, avant c'était une bonne demi-heure.

Ils purent nager tranquillement aidés du radeau flottant. L'eau était agréable et claire, si bien que rapidement, l'épave fut en vue.

- Voilà, on y est. Je vais mettre le masque, le tuba et plonger. Reste avec le radeau, ça évitera qu'il dérive. Je vais accrocher cette corde à mon poignet. Tu m'aides ? proposa-t-elle avec un sourire.

Elle fit quelques mouvements de brasse vers lui pour se retrouver tout contre lui et venir déposer un baiser au coin de ses lèvres.

Louise sentit une pointe d'appréhension mêlée à l'excitation alors qu'elle s'apprêtait à plonger vers l'épave. Elle vérifia une dernière fois son équipement sommaire, s'assurant que son masque était bien ajusté et que le tuba ne risquait pas de se détacher. La clarté de l'eau lui permettait de distinguer les contours de l'avion brisé en deux immergé, une silhouette sombre mais familière qui reposait paisiblement sur le fond marin. Elle prit une grande inspiration, se sentant à la fois libre et connectée à l'élément aquatique qui l'avait toujours fascinée. Avant de s'immerger complètement, elle jeta un dernier regard vers Ben qui resterait à la surface pour surveiller le radeau. Son cœur se serra légèrement en pensant à lui, reconnaissante pour sa présence rassurante et son soutien silencieux.

Lou fit un signe de tête à celui qui faisait désormais battre son petit coeur meurtri, un sourire doux étirant ses lèvres en-dessous de son masque. Puis, elle s'enfonça doucement dans l'eau, ses mouvements fluides et gracieux la guidant vers les premiers débris de l'épave. Les rayons du soleil pénétraient profondément dans l'eau, créant un jeu de lumière éblouissant à travers les reflets sur les parois métalliques de l'avion.

Elle atteignit l'épave avec une sensation familière de retrouver un lieu qu'elle avait exploré tant de fois auparavant. Chaque recoin, chaque détail devenait un repère, un souvenir de son passé de plongeuse et de ses précédentes expéditions sous-marines. Ses doigts glissèrent le long de la coque, s'accrochant à des aspérités alors qu'elle cherchait un point d'entrée sûr dans l'avion. Chaque plongée révélait un nouveau détail, plus de rouille, plus de vase...

À l'intérieur, l'obscurité l'enveloppa, mais Louise était habituée à cette sensation. Elle activa sa lampe torche, éclairant lentement les espaces confinés, cherchant tout signe de nouvelles découvertes ou d'objets qui pourraient raconter une histoire oubliée depuis longtemps. La vie marine autour d'elle semblait indifférente à son exploration, vaquant à ses occupations habituelles dans le silence apaisant des profondeurs. Quelques petits poissons passaient de temps en temps. Ce qui était sinistre, cependant, c'était les corps des passagers qui étaient morts par le choc ou simplement n'ayant pas pu s'extirper de la carlingue. C'était digne d'un cauchemar que de devoir circuler entre eux. Les corps qui n'avaient pas été retenus par les ceintures de sécurité étaient peu à peu grignotés par la vie aquatique.

La plongeuse repéra des sacs et valises qu'elle n'avait pas eu le temps d'inspecter les fois précédentes et s'en approcha rapidement pour ne pas perdre de temps. Elle en sortit deux au niveau de l'ouverture qu'elle avait utilisée pour entrer dans l'épave avant d'amorcer sa remontée.

Elle nagea vers la surface, sans aller trop vite pour avoir le temps d'effectuer les paliers e décompression. En émergeant à la lumière du jour, elle prit une grande inspiration et retrouva le radeau, où Ben l'attendait. La brunette souleva son masque.

- Je vais décrocher un des bidons, celui qui est relié à une corde, et je vais nouer la corde à une valise et un sac. Ensuite on montrera sur le radeau pour les hisser. Tu peux déjà monter si tu veux.

Elle s'approcha de lui, lui souriant avant de s'exécuter.

- Essaie de l'empêcher de couler, mais normalement il y a assez de longueur de corde. À tout à l'heure.

Un dernier baiser volé et la belle américaine plongea de nouveau après avoir pris une grande inspiration. Cette fois, ce serait plus rapide, elle avait un point précis à atteindre, et ensuite remonter après avoir attaché les bagages. Elle s'exécuta avec précision pour éviter que le noeud ne se défasse, et remonta le long de la corde.

La plongée ne fut pas bien longue malgré les petites étapes de paliers pour éviter d'avoir mal aux oreilles ou pire. Nouer le bout de la corde aux bagages fut tout aussi rapide, et la remontée également.

À force de faire ces exercices de plongée depuis un peu plus d'une année, Louise avait développé une bonne capacité d'apnée. Une fois remontée, elle aida Ben à tirer sur la corde. Lui était déjà juché sur le radeau et semblait jubiler à l'idée de découvrir des trésors inestimables à l'intérieur de cette valise et de ce sac. La belle brune ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant son compagnon si enthousiaste. Elle l'aida à hisser les bagages sur le radeau. Son attention fut alors attirée au loin par un ailerons. Son sourire s'effaça instantanément tandis que son coeur manqua un battement.

- Requin ! cria-t-elle. Aide-moi à monter mais fais attention de pas chavirer. Penche-toi en arrière.

Elle tendit une main tremblante de peur vers Ben, l'autre s'agrippant sur le bord du radeau. Lou était tétanisée de peur et tremblait de tous ses membres. Elle battait des pieds aussi vite que possible pour aider Ben à la hisser sur l'embarcation de fortune. L'Américaine sentait ses forces diminuer, ses jambes commençant à s'alourdir sous l'effort. Elle ne pouvait pas s’empêcher de jeter des regards rapides vers l’aileron qui semblait se rapprocher dangereusement. Le temps semblait s'étirer, chaque seconde se transformant en une lutte désespérée pour survivre. Elle redoutait de vivre ses derniers instants.

Finalement, avec un dernier coup de talon, elle parvint à se hisser suffisamment pour que Ben l’aide à basculer sur le radeau. Ils s'écroulèrent tous les deux, haletants, le regard fixé sur l'eau où l'aileron fit quelques cercles avant de s’éloigner lentement.

- On l'a échappé belle... dit-elle entre deux respirations saccadées, son regard croisant celui de Ben. Merci...

Elle se tourna alors vers le visage de Ben avant de l'embrasser avec passion. Ses lèvres trouvèrent les siennes, et pour un moment, le monde autour d'eux cessa d'exister. Elle se détacha doucement, son front pressé contre celui de Ben, le regard encore empreint de la peur et du soulagement mêlés.

- On a eu de la chance... murmura-t-elle, une larme de soulagement coulant sur sa joue.

Lou reprit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs. Elle jeta un regard aux bagages maintenant sur le radeau, et un nouveau sentiment d'urgence la saisit.

- On devrait vérifier ce qu'il y a dedans, dit-elle, sa voix plus stable. Si on a pris autant de risques, autant voir si ça en valait la peine.

L'ancienne agente de voyage, son cœur battant toujours la chamade, mais cette fois avec une lueur d'espoir, avança ses mains pour ouvrir la valise. L'intérieur révéla des vêtements, des médicaments, et des outils – des trésors précieux dans leur situation. Il y avait même quelques barres protéinées.

- Ces barres vont nous donner un coup de fouet.

Louise ne pouvait s’empêcher de repenser à l'aileron, à la peur viscérale qui l’avait saisie. Elle réalisa alors que, depuis plus d'une année, elle risquait sa vie en plongeant seule. Mais en regardant Ben, son compagnon d’infortune, elle se sentit étrangement réconfortée. Ils avaient traversé tant de choses ensemble, et chaque épreuve ne faisait que renforcer leur lien.

Le soleil était maintenant haut dans le ciel, trahissant l'heure de midi approchant. Le retour au campement s’annonçait plus paisible, bien que l’idée de revoir l’aileron flottait encore dans un coin de son esprit. Louise s’autorisa un instant de contemplation, savourant la beauté brute de leur environnement, malgré les dangers omniprésents.

- Bon, il est temps de rentrer, déclara Lou doucement, rompant le silence. Utilisons nos palmes comme pagaie.

Joignant le geste à la parole, la brunette retira les palmes de ses pieds et attendit que son compagnon en fasse de même pour commencer à ramer. Le trajet de retour fut calme, le radeau glissant doucement sur l'eau, le rythme de leurs coups de pagaie presque hypnotique. Louise jetait encore de temps en temps un regard à la mer, mais l’aileron n’était plus visible. Peut-être que le requin avait trouvé d’autres horizons à explorer.

La vie ne tenait qu'à un fil, c'était déjà une notion acquise par tous depuis le crash, mais cette fois, Louise avait eu la troisième peur de sa vie. La première fois fut lors du crash, la deuxième quand Jordan avait disparu, et la dernière en date voilà seulement quelques minutes, alors que la perspective de finir dans l'estomac d'un squale était presque concrète. Lou s'était peu à peu calmée mais son coeur restait fébrile. Le contact physique avec Ben l'avait néanmoins réconfortée et le baiser plus encore. Malgré la beauté de l'environnement, l'Américaine avait soudain réalisé les danger omniprésents qui l'entourait lors de chaque plongée. Pour tenter d'évacuer ce souvenir trop frais, elle avait proposé d'ouvrir la valise, et trouver ces barres protéinées, réminiscence de leurs vies d'avant, avait tiré une pointe de nostalgie. Les paroles de Ben la fit sourire.

- Moi aussi quand je faisais du sport.

Lou fut surprise par le ton catégorique de son amant. Elle l'observa, les yeux ronds comme des soucoupes.

- Euh... OK tu peux m'accompagner aussi la prochaine fois. Dire que j'avais appris quoi faire face à un requin lors de mes cours de plongée... On dirait que dans la panique j'ai tout oublié, ajouta-t-elle en soupirant.

Ils s'étaient mis à ramer tous les deux de concert à l'aide de leurs palmes, droit vers la plage déserte. Depuis la mer, on apercevait le campement un peu plus à l'ouest. Ils avaient un peu dérivé. Le trajet était plus long en ramant qu'en nageant avec des palmes, mais au moins, ils pouvaient éviter les rencontres hasardeuses et dangereuses.

Alors qu'ils étaient aux abord de la plages, quelques membres du groupes firent leur apparition. Louise regarda Ben quelques secondes, l'air étonné.

- Qu'est-ce qu'ils font là ? Personne ne vient jamais sur la plage d'où je pars pour les plongées, d'habitude.

La médecin du camp espérait qu'il n'y avait pas une nouvelle urgence médicale à traiter, chacune d'elle étant une dose supplémentaire de stress pour elle, étant donné le peu de matériel médical présent pour l'aider dans les soins aux patients. Cette possibilité néanmoins incita la jolie brune à ramer de plus belle car si quelqu'un avait besoin d'assistance médicale, il n'y avait pas une minute à perdre. Ben sauta du radeau et le tira avant de donner des ordres aux trois personnes qui s'approchaient. Plus douce, Louise s'approcha.

- Tout va bien au campement ? demanda-t-elle le regard inquiet.

L'un des trois membres du groupe hocha la tête, avisant qu'ils se demandaient simplement où elle était. Lou sentit ses appréhensions se calmer en un souffle salvateur.

- Vous pouvez récupérer la valise et partager dans le groupe ce que vous trouvez, je vous fais confiance pour que ce soit équitable. Par contre s'il y a du matériel médical, vous me le déposez dans l'infirmerie. Mais tout ce qui est vêtements, partagez-le.

Elle leur adressa un dernier sourire, les laissant récupérer les bagages, avant de prendre les palmes et masques pour les ranger sous la roche qu'elle utilisait comme repère. Elle retourna au radeau pour le traîner vers ce même endroit alors que les trois survivants s'éloignaient, avant de rejoindre Ben.

- Eh, est-ce que ça va ?