La valise que Louise avait remontée, non sans peine, était pleine à craquer. Elle espérait y trouver des choses utiles pour tous. Dans l'idéal, des produits médicaux, ne serait-ce que de l'ibuprofène ou du paracétamol, des pansements, même du dentifrice et des brosses à dents, n'importe quoi qui pourrait améliorer leur confort. Les vêtements étaient utiles aussi bien sûr et c'était dans des valises qu'elle avait trouvé le nécessaire de base pour plonger : masques, tubas, palmes.

Au sortir de l'eau, la jeune Leana lui apparut. Elle ne semblait pas au mieux de sa forme et Lou la regarda attentivement, l'écoutant parler.  Un mal de tête qui durait depuis plusieurs jours. La pauvre, vraiment désagréable surtout dans une atmosphère aussi chaude.

- OK, on va voir ça. Tu as d'autres symptômes ?

Instinctivement, l'ancienne étudiante en chirurgie posa sa main sur le front de son interlocutrice, comme elle l'aurait fait avec son fils. Le verdict ne tarda pas à tomber.

- Leana, tu es brulante de fièvre ! Je comprends que tu ais mal à la tête.

Louise réfléchit rapidement. La fièvre, les maux de tête pouvaient être des symptômes de nombreuses maladies, surtout dans un environnement aussi hostile. Elle devait agir rapidement pour éviter que la situation ne dégénère.

- Viens, on va s'asseoir à l'ombre, dit-elle, prenant doucement Leana par le bras et la guidant vers un endroit ombragé près du campement.

En chemin, elle tenta de rassembler ses pensées, cherchant dans sa mémoire tout ce qu'elle avait appris sur les premiers secours et les soins médicaux de base.

Lorsqu'elles atteignirent un endroit plus frais, Louise fit asseoir Leana sur une grosse racine d'arbre. Elle retourna à la valise et l'ouvrit, espérant y trouver quelque chose d'utile. En fouillant, elle trouva une petite trousse de premiers secours. Elle l'ouvrit rapidement. À l'intérieur, elle découvrit quelques médicaments, des bandages, des compresses stériles et une petite bouteille de désinfectant. Pas grand-chose, mais c'était mieux que rien. Elle en sortit un thermomètre et le tendit à Leana.

- Mets ça sous ta langue, ordonna-t-elle doucement. Je reviens vite, d'accord ?

Pendant que Leana se conformait à ses instructions, Louise retourna en vitesse au campement qui n'était pas très loin, pour récupérer de l'eau. Elle prit deux bouteilles et repartit vers sa patiente. Elle en ouvrit une et la tendit à Leana.

- Bois lentement, mais essaie de boire toute la bouteille. Tu as besoin de rester hydratée.

Pendant que Leana buvait, Louise  reprit le thermomètre qui avait bipé, indiquant la fin de la prise de température. Elle le retira et vérifia la lecture.

-102 degrés Fahrenheit, murmura-t-elle. C'est assez élevé. On doit faire baisser cette fièvre.

L'américaine réfléchit à d'autres méthodes pour abaisser la température de Leana. Elle humidifia un tissu avec de l'eau de la bouteille et le posa sur le front brûlant de Leana.

- Reste ici et repose-toi. Je vais chercher d'autres choses.

Elle se leva et se dirigea vers une zone où ils stockaient les provisions. Elle savait qu'ils avaient trouvé quelques aliments et boissons dans l'épave de l'avion. Elle espérait y trouver des électrolytes ou quelque chose qui pourrait aider à réhydrater et revitaliser Leana.

Louise fouilla parmi les provisions et trouva une boîte de jus de fruits. Elle en prit deux boîtes et retourna auprès de Leana.

- Tiens, bois aussi ça. Les sucres naturels et les électrolytes devraient t'aider à te sentir un peu mieux.

Louise s'assit à côté de Leana, l'observant attentivement.

- Tu as besoin de repos et de soins constants. On va tout faire pour te rétablir rapidement. J'ai besoin que tu me dises ce que tu as mangé dernièrement.

La situation sur cette île était difficile, mais ils avaient déjà surmonté tant d'obstacles. Ils devaient rester forts et solidaires. La mère de Jordan prit une profonde inspiration, regardant l'horizon. Chaque jour sur cette île apportait son lot de défis, mais elle était résolue à les affronter un par un. Tant qu'ils restaient unis, ils avaient une chance de s'en sortir.

Je scrutais Leana avec une inquiétude croissante. Sa fièvre élevée et ses symptômes m'inquiétaient vraiment. J’avais déjà vu des gens en mauvaise posture, mais la combinaison de la chaleur, de la déshydratation et des maux persistants laissait présager quelque chose de plus sérieux. J’avais besoin de comprendre ce qui se passait avec elle pour pouvoir réagir de manière appropriée. Étant sur une île sans avoir accès aux soins de base, rien n'était plus anodin du tout, chaque détail avait son importance. En l’écoutant, je pris note de ce qu’elle avait mangé récemment. Les mangues, si ce qu’elle avait pris était bien cela, étaient généralement sûres, mais il fallait considérer que la qualité des fruits ou même la façon dont ils avaient été conservés pouvait être un problème. La jungle pouvait abriter des choses que nous ne comprenions pas entièrement.

Leana avait aussi mentionné des nausées et une perte d'appétit. Cela pouvait être un signe que son corps luttait contre quelque chose de plus grave. Nous n’avions pas accès aux soins médicaux habituels. Chaque ressource était précieuse, et chaque symptôme pouvait indiquer quelque chose de critique.

Je lui répondis avec une douceur que j’espérais réconfortante.

- Écoute, ce n’est jamais facile de faire face à ce genre de situation. Les nausées et la fièvre peuvent avoir plusieurs causes, et il est difficile de dire avec certitude ce que c'est sans des examens plus approfondis. Ce que je peux te dire, c’est que nous devons rester vigilants. La déshydratation et la fièvre peuvent aggraver la situation, surtout si tu ne manges pas. D'ailleurs, ne pas manger n'est pas du tout un remède contre la nausée.

Je continuai à lui donner des petites gorgées de jus, espérant que les électrolytes l’aideraient à se sentir un peu mieux. J’observais ses réactions de près, essayant de détecter tout changement dans son état. La chaleur et le manque de nourriture n’aidaient pas, et je savais qu’il était crucial de trouver un équilibre pour la garder stable. Je réfléchis à ce que nous pouvions faire en attendant de voir si sa situation s’améliorait. Je devais vérifier s’il y avait des signes d’infection ou d’autres problèmes qui pourraient expliquer ses symptômes. Peut-être qu’un repos supplémentaire, combiné à une hydratation adéquate, pourrait aider.

Je me sentais frustrée par le manque de ressources médicales, mais je savais que je devais faire de mon mieux avec ce que nous avions. La situation était loin d’être idéale, mais rester calme et concentrée était essentiel pour aider Leana.

Je pris une profonde inspiration, déterminée à faire tout ce qui était en mon pouvoir pour aider Leana à se rétablir.

- Je vais rester ici avec toi et m’assurer que tu reçoives tout ce dont tu as besoin. Nous allons surveiller tes symptômes de près et adapter nos soins si nécessaire. N'hésite pas à me dire si quelque chose change ou si tu ressens une douleur particulière. On va s’en sortir, je te le promets.

Chaque jour sur cette île apportait son lot de défis, mais c'était dans ces moments difficiles que je sentais que notre résilience était mise à l’épreuve. L’important était de garder espoir et de rester solidaires. Nous avions déjà affronté tant de choses, et je savais que, tant que nous restions unis, nous pouvions surmonter cette épreuve aussi.

Je regardais Léana avec une attention soutenue, cherchant les moindres signes de détérioration. Son inquiétude était palpable, mais je devais rester calme, rationnelle. C'était étrange de me retrouver dans cette situation après avoir quitté mes études de médecine. Pourtant, mes connaissances devenaient ici essentielles. Sur une île sans ressources médicales, chaque symptôme, chaque réaction, pouvait être une pièce du puzzle pour comprendre l'état de quelqu'un. Mais sans les outils appropriés, tout cela restait de la pure spéculation.

Je sentais son désarroi, et son insistance à vouloir connaître la vérité. Devais-je lui dire ce que je craignais réellement ? Sans diagnostic clair, tout était hypothétique, mais je comprenais son besoin de savoir.

- Honnêtement, je ne suis pas sûre, Leana, mais je pense que cela pourrait être une infection. Avec la chaleur et le manque d'hygiène, c'est possible... Mais nous devons attendre de voir comment ton corps réagit dans les prochaines heures. L'essentiel pour l'instant est de rester hydratée.

J'essayais de masquer ma propre anxiété. L'idée d'une épidémie me hantait. Si cela se propageait parmi les autres survivants, nous serions totalement démunis. Sans parler des autres dangers de l'île, comme les Mùakrus et ce foutu volcan qui faisait des siennes. Si l'état de Léana se dégradait, je ne savais pas jusqu'où je pourrais aller pour tenter de la sauver. En attendant, j'avais promis de rester à ses côtés, et je comptais bien tenir cette promesse. Je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes les choses qui auraient pu mal tourner pour Léana. La déshydratation, les nausées, la fièvre… c’était tout ce que nous redoutions sur cette île. Une maladie qui se propageait rapidement pouvait être fatale pour nous tous. Je savais que la situation demandait une prudence extrême. Si cela s’aggravait, je devrais non seulement veiller sur Léana, mais aussi avertir les autres sans déclencher de panique.

Tout en la surveillant, je me remémorais mes années passées à la faculté de médecine, à l’époque où je rêvais encore de devenir chirurgienne. Jamais je n’aurais pensé que ces compétences inachevées me serviraient sur une île déserte, avec aussi peu de ressources. J’étais loin des salles d’opération, des diagnostics précis et des traitements contrôlés. Ici, tout était improvisé, et chaque jour apportait une nouvelle bataille.

Léana continuait de boire par petites gorgées, suivant mes conseils, mais je pouvais voir qu’elle n’était pas totalement convaincue. C’était difficile de la rassurer sans savoir moi-même ce qu’elle avait. Elle me regardait avec des yeux fatigués, cherchant une réponse à sa question.

- Si cela ne s’améliore pas, on devra envisager d’autres solutions, dis-je calmement. Peut-être essayer de trouver des plantes locales qui pourraient aider, mais il faut faire attention. Sur cette île, tout peut être toxique si l’on ne sait pas à quoi on a affaire.

Je regardais autour de nous, vers la jungle. C’était effrayant de se sentir si démunie. Chaque décision devenait un pari sur la santé et la survie de quelqu’un. Pourtant, une part de moi refusait de céder à la peur. Si je perdais mon calme, Léana s'en rendrait compte, et la panique pourrait se propager. Je devais maintenir cette façade de contrôle et d’assurance.

- Je vais te surveiller de près, d’accord ? Je promets qu’on fera tout ce qu’on peut pour te remettre sur pied.

Mais une question subsistait dans mon esprit : combien de temps pouvions-nous vraiment tenir dans ces conditions ?